Race de chevaux disparue
Limousine et Pompadour
Comment a-t-on pu laisser s'évanouir une si belle race ?
«La retraite des Maures du midi, et cette fameuse défaite du gros de leur armée sous les murs de Poitiers qui valut à Charles Martel son glorieux surnom, durent nécessairement laisser un grand nombre de beaux chevaux arabes en la possession des Français. Les chevaux du Limousin en proviennent évidemment. Cette province est très favorablement située et ses pâturages sont d'une qualité excellente pour l’éducation des étalons arabes (1830).»
Le Limousin fournissait aux écuries du roi 50 chevaux par an. Turenne et Napoléon Ier ont contribué à la réputation qu'a toujours méritée cette race pour la guerre. L’Embelle que l'empereur (1) monta de 1806 à 1814 était une jument limousine, entra ensuite au manège de Versailles et ne fut réformée qu’en 1827. Ainsi que l'illustre Pie qui avait porté Turenne dans vingt batailles. Turenne monta dans dix batailles et jusqu’à sa mort une jument limousine dite pie, qui avait été élevée dans les terres de cet illustre capitaine.
Le Léger, également limousin, était monté en 1807 par M. de Caulincourt, grand écuyer, et en 1835 il existait encore dans les écuries de son fils.
(1) Les écuries de Bonaparte recevaient beaucoup de chevaux du Limousin… Tout l'Etat-Major de Napoléon Ier, était monté de chevaux du Limousin (Archives parlementaires 1881)...
Le haras de Pompadour
Un éleveur limousin écrit vers 1836 : «Depuis longtemps la race limousine que n'entretenait plus le sang arabe, dont elle était sortie, était arrivée à une dégradation toujours croissante. Louis XV voulut la relever ; mais comme on employa à cette œuvre régénératrice plusieurs sangs différents, arabe, anglais, espagnol même, il en résulta une confusion par suite de laquelle la race appelée par nos pères race limousine perdit son caractère et n'eut plus sa pureté. Les chevaux arabes lui conservèrent la souplesse, les anglais lui donnèrent plus de taille, les espagnols la firent plus ardente et brillante, mais ils raccourcirent ses allures. Ces derniers, à bien dire, ont paralysé et détruit les améliorations dues aux premiers. Vint ensuite le fameux convoi arabe de M. Guerche, qui fit du bien et rendit aux chevaux limousins une partie des qualités qu'on avait tant prisées en eux. Mais survint la révolution de 1789, et tout fut anéanti.
Napoléon voulut réparer le mal. On envoya en Limousin des étalons ramenés d'Egypte pour la plupart. Ceux-ci n'étaient pas de race assez noble, ils ne produisirent que des chevaux petits, fluets, minces et sans moyens. Ce genre de chevaux ne convenait plus à nos besoins, à nos habitudes : ils n'étaient plus du goût des amateurs du temps ; aussi furent-ils méprisés par les acheteurs. Autrefois on apprenait à monter à cheval, l'équitation était en honneur, on chassait à courre, la France possédait peu de grandes routes, les autres moyens de communication étaient difficiles ; il fallait donc que partout on se servit de chevaux de selle, de manège, de chasse, de promenade, de voyage même. Depuis cinquante ans tout a changé sous ce rapport et sous bien d'autres : on n'apprend plus à monter à cheval; on chasse peu ; les meilleures routes sillonnent la France. On n'a donc plus besoin de chevaux de selle proprement dits. Et voilà pourquoi le Limousin a vu l'industrie chevaline diminuer progressivement et arriver à l'état de dépression où elle est en ce moment.»
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Le poulain de la Haute-Vienne, dont la mère est généralement plus grande et plus forte que la limousine ordinaire, par la raison que le sang anglais domine dans ses veines, devient presque toujours, et où qu'on le mène, cheval d'officier et de cavalerie de ligne.
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Le poulain de la Corrèze, plein de gentillesse et de race, mais plus arabe qu'anglais, dépasse rarement les conditions du cheval de troupe légère.
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Le poulain de la Creuse, plus gros et plus commun, produit mêlé des deux sangs dans leur pureté quelquefois, mais plus souvent à l'état de demi-sang, prend moins de distinction que les autres, ne devient presque jamais cheval d'officier, mais donne d'excellents troupiers, durs au travail et résistants à la fatigue.
Le poulain de la Haute-Vienne est plus cher, celui de la Creuse plus marchand, celui de la Corrèze moins recherché. A l'état de cheval fait, le premier rend plus à la vente, mais il faut qu'il soit net, qu'aucune tare ne le souille ; car tout forme tache sur une nature aussi fashionable. Le second est plus facile à placer ; il entre davantage dans le genre usuel. Il n'y a qu'un débouché possible pour l'autre, la remonte militaire : de tous, celui-ci est le plus difficile à vendre et le moins profitable à l'éleveur.
L'Auvergne n'a jamais possédé de race, mais bien une variété de race seulement, émanation affaiblie du cheval limousin, «légère dégénération» de ce dernier. Jamais l'Auvergne chevaline n'a fourni de reproducteurs à aucune autre contrée ; elle en recevait, au contraire, et c'est à la faveur de la race limousine que ses produits ont eu un certain renom dans le passé, au temps où nos diverses races légères, d'ailleurs cultivées avec art et toujours soutenues par l'étalon oriental, étaient la plus haute expression des besoins de l'époque.
Notes : chevaux limousins
De tous les chevaux français, les limousins sont ceux qui ont le plus conservé des caractères des races orientales, et notamment de celle de Barbarie. Jadis ils étaient plus nombreux ; on les élevait non-seulement dans le Limousin, mais encore en Auvergne et dans le Périgord. Cette race est uniquement appropriée à la selle ; elle se distingue par les caractères suivants : tète très-fine, sèche, un peu longue, très légèrement busquée, portant l’empreinte de la physionomie du cheval arabe ; encolure légère, gracieuse, presque rouée, avec le coup de hache ; corps un peu arrondi quoique svelte, tenant le milieu outre les formes étoffées de l’espagnol et les formes anguleuses de l’arabe; hanches saillantes, paturon d’une longueur remarquable, avant-bras, jambes, canons minces, presque grêles, surtout ceux de devant , mais ayant une grande force dans les os , les muscles et les tendons ; jarrets larges, peut-être trop rapprochés l’un de l’autre ; vigueur, légèreté, souplesse, grâce, élégance dans les allures ; intelligence, aptitude à recevoir de l’éducation ; rapprochement avec l’andalou pour la beauté des formes, et avec l’arabe, pour l’haleine et l’énergie. La taille ordinaire est de 1,49m, à 1,50, à 1,51 ou 1,52. Plus de taille rend l’animal trop étroit de corps et sans aplomb.
Le cheval limousin qui est au cheval arabe de pur sang croisé avec des juments de race également distinguée, doit être attendu jusqu’à 7 ou 8 ans ; mais dès lors il pourra durer jusqu’à 25 ou 30 ans. L’éleveur garde les poulains jusqu’à sept ans sans les faire travailler.
Légers, joignant à la force la vitesse et le fond, ces chevaux rendent communément d’excellents services à un âge où tous les autres chevaux sont usés, manquent d’haleine, et n’ont plus la sûreté des pieds.
A l’époque où la race limousine était dans toute sa vigueur productive, on en tirait des chevaux pour les écuries de la cour, et pour servir de moulure aux grands seigneurs et aux officiers généraux. Ce que cette race offrait de moins distingué servait aux remontes de deux régiments de hussards et de deux de dragons.
Plusieurs causes ont amené la dégradation et la stérilité de celle belle race, dont on relire à peine aujourd’hui 200 beaux chevaux par année. Une de ces causes, et elle n’est certes pas. la moins malheureuse, a consisté dans des croisements mal combinés ; on y a employé de prétendus arabes, qui n’étaient que des turcs de qualité inférieure. Des signes tout particuliers de dégénération, tels que la longueur démesurée du corps, le manque d’étoffe et de membres, s’étaient montrés il n’y a pas encore tort longtemps ; mais une amélioration sensible a été déjà obtenue par l’emploi de l’étalon anglais ; des juments limousines ont vaincu des coureurs de la race amélioratrice.
POMPADOUR
Dans le domaine de la Rivière, le château de Pompadour est entouré d’une enceinte du XVe siècle rythmée de tours. Il a conservé de puissants volumes et une silhouette du XVe siècle, un chemin de ronde continu et ses tours coiffées en poivrière. De l’importante forteresse, il ne reste cependant que l’aile sud et l’enceinte extérieure. Près du château s’étendent les écuries et une forge, le château est formé d’importants vestiges d’une forteresse du XVe siècle : la chapelle gothique des XIV-XVe siècles avec son beau portail, sa voûte à croisée d’ogives et son lavabo à l’ornement gothique flamboyant.
Le château de Pompadour est posé sur une motte féodale au dessus de l’hippodrome. L’élevage des chevaux y existait depuis plusieurs générations. Louis XV, qui avait acquis le château et le domaine de l’héritier des Pompadour, le prince de Bourdon Conti, les donna à (1721-1764) et lui conféra les titres et armoiries de marquise de Pompadour (1).
Le château de Pompadour, commune d’Arnac-Pompadour, en Corrèze près de la Haute-Vienne, en partie ruiné, sert de succursale au haras de Pompadour. Le haras national de Pompadour qui s’étend sur les communes d’Arnac-Pompadour, de Beyssac et de Saint-Sornin-Lavolps est classé au titre des sites pittoresques par arrêté du 28 février 1941. Avec ses 280 hectares, le Haras National de Pompadour se compose de différents sites : le dépôt d’étalons, la Jumenterie Nationale de la Rivière, l’Hippodrome, le Château de Pompadour, la cour dite « de l’entraînement « , la Villatte, Chignac, Monts.
Louis XV achète le 24 juin 1745 les biens du marquisat de Pompadour. Le 17 juillet, Louis XV offre le Domaine de Pompadour à sa favorite Madame Lenormand d’Etiolles, née Jeanne Antoinette Poisson. Le roi la sépare légalement de son mari.
En 1751, la Marquise créée un haras privé en faisant venir des chevaux des alentours de Paris. Madame de Pompadour encouragera l’élevage des chevaux dans son domaine. 17 octobre 1752, elle reçoit le titre de Duchesse.
L’état de santé de la Marquise se dégrade peu à peu, le Domaine est revendu à Choiseul en 1760. Mais le Roi lui échange au Duc de Choiseul en 1761 pour « y perfectionner les établissements de haras qui ont été entretenus par les précédents propriétaires des terres et dont nous avons envisagé l’utilité… ».
Par arrêt du Conseil du 28 janvier 1764, le haras de Pompadour est rattaché « au haras particulier de Sa Majesté ». C’est désormais un haras royal. Le nombre d’étalons et de poulinières de qualité ne cessa d’augmenter, dont certaines juments furent achetées chez les éleveurs locaux (les Jumilhac, les Nexon). Des missions d’achat successives en Pologne, Perse, Arabie et Syrie ont permis de renouveler et de compléter l’effectif tout en assurant toujours la qualité.
Louis XV confie l’organisation au prince de Lambesc, grand écuyer, qui dirigea plus tard le haras du Pin. M. le marquis de Tourdonnet succéda en 1764 au prince de Lambesc. Des étalons et des juments de diverses provenances y avaient été placés à l’origine. Plusieurs remontes le peuplèrent de producteurs arabes. Un étalon nommé Derviche et ramené de Syrie sous Louis XVI est à l’origine de l’amélioration de la race chevaline en Limousin, si renommée antan.
Le haras passera entre les mains de plusieurs propriétaires dont le ministre Choiseul. Le Haras de Pompadour est alors fermé pendant la Révolution, par décret de l’Assemblée nationale, du 19 février 1791 ; comme tous les autres Haras, les biens sont dispersés et les chevaux vendus aux enchères.
En 1795, Napoléon Bonaparte rétablit le Haras de Pompadour. Sa reconstitution date du 4 juillet 1806. En 1811, il possède un effectif de 18 poulinières, qui s’élève à 30 têtes en 1816 et tombe à 4 en 1825. A partir de 1826, l’établissement est réduit au rôle de dépôt d’étalons et de poulains (ordonnance du 16 janvier 1825). Il est rétabli huit ans plus tard, par l’ordonnance du 10 décembre 1833. Suite aux délibérations de la commission hippique de 1860, il est supprimé à nouveau (décret du 19 décembre 1860), mais les insuffisances d’équidés en nombre et qualité firent rétablir la jumenterie par la loi organique du 29 mai 1874.
Dispersés sur plusieurs centaines d’hectares, les bâtiments des haras de Pompadour ont été construits à diverses époques.
Notes : la Pompadour
Maîtresse et confidente du roi Louis XV, la marquise de Pompadour a mené une vie active à Versailles. Jeanne Antoinette Poisson naît à Paris le 29 juillet 1721. Son père, François Poisson, contraint de s’exiler, elle est élevée par sa mère Louise-Madeleine de La Motte, sous la protection du fermier général Lenormant de Tournehem. Ce dernier lui offre une éducation particulièrement soignée, qui lui donne le goût des arts et des lettres. En 1726 la future marquise de Pompadour entre au couvent des Ursulines pour y suivre ses études.
Le 9 mars 1741 elle est mariée à Charles Guillaume Le Normant D’Etiolles, fils du trésorier de la Monnaie et neveu du fermier général Charles-François Le Normant de Tournehem. Très vite, l’esprit brillant et la beauté de la jeune femme la rendent très populaire au sein de la société parisienne. Elle fréquente les salons et côtoie des intellectuels renommés tels que Voltaire ou Crébillon père.
Remarquée par le roi Louis XV, elle devient sa maîtresse officielle en février 1745. Anoblie, elle bénéficie du titre de marquise de Pompadour, puis devient dame du palais de la reine. A la cour, elle s’efforce de distraire le roi, influe quelque peu sur la politique, notamment en ce qui concerne son entourage, et offre sa protection aux artistes, penseurs et écrivains (Boucher, La Tour, Oeben, Rousseau, Voltaire, Diderot, d’Alembert…).
En 1753 aux environs de Noël, la marquise de Pompadour achète l’Hôtel d’Evreux qui est connu de nos jours sous le nom du Palais de l’Elysée. Une partie des appartements sont transformés par son architecte Lassurance. Les jardins sont aussi largement modifiés avec l’apport de portiques, de charmilles et d’une grotte dorée. Elle léguera cet Hôtel à Louis XV.
La passion avec le roi se prolongera quelques années, mais au bout de cinq ans, elle s’éteindra peu à peu pour laisser place à l’amitié. Peu appréciée à la cour, elle doit s’éloigner quelques temps de Versailles lors de l’attentat de Damiens. Madame de Pompadour a quarante-deux ans en ce mois de février 1764. Elle n’est pas en bonne santé et a souvent des problèmes cardiaques. C’est lors de son séjour à Choisy quelle prend froid. Mais c’est bien plus qu’un simple coup de froid. Le 29 février elle est prise d’un malaise, elle crache le sang, les diagnostic des médecins est très clair : la marquise est atteinte d’une pneumonie. Elle s’éteint le 15 avril 1764, à l’âge de 42 ans.
Des visites à ne pas rater
L’hippodrome possède une piste de 2.200 mètres. Chaque dimanche d’été s’y déroulent sept courses : quatre de plat, deux de saut dont un steeple de 5.000 mètres environ. Et parfois, il y a des courses d’ânes.
Se visitent trois pièces du château (tour avec exposition d’uniformes des Haras nationaux, salle à manger et salon d’apparat), exposition sur les chefs-d’œuvre de compagnons au 1er étage, jardins du château et écuries de la Marquise, le Haras National de Pompadour, berceau de la race anglo-arabe, la Jumenterie Nationale de la Rivière, unique en France, l’hippodrome, classé en 1ère catégorie obstacle, un des plus beaux et des plus techniques de France, uniquement pour les groupes (accès libre pour les individuels), l’écurie de l’orangerie (ou écurie des jeunes chevaux) : présentation de jeunes chevaux âgés de 3 à 6 ans issus de l’élevage du Haras.