Villognon: Les traits charentais et leurs animaux ont épaté un public d'enfer
Vendredi et samedi des étoiles ont brillé à Villognon. Le son et lumière produit par les traits charentais pour fêter leur vingtième anniversaire a dépassé toutes les attentes. Le public exige de nouvelles soirées.
Oublié «la torture» des séances de répétition, oubliés les moments de doutes, maîtres et animaux n'ont pas encore réalisé la beauté et la qualité de ce spectacle totalement dû à des bénévoles. Des amateurs qui n'avaient jamais écrit un spectacle ni réalisé de mises en scène, qui n'ont jamais été comédiens en de telles circonstances. Ils ont tous appris sur le tas, comme leurs chevaux, leurs ânes, leur vaches, poules, canards, oies, dindons. Certains sont en plus d'excellents humoristes. «Complètement débridés» disent leurs chevaux ! Dommage qu'ils n'aient pu entendre les explosions de joie du public dans les gradins.
Les enfants étaient au premier plan, et ils ont adoré leur maître ! Un rôle endossé à la perfection par Philippe Goyaud qui a aussi monté la musique. C'est lui aussi qui présentait le spectacle et livrait les clés de la ferme. Tous les adhérents du syndicat (Trait Charentais) et de l'association (ACACT) étaient là, sur le pré et alentour, et eux aussi ont dû se laisser mener par leurs maîtres. Les besogneux Claude Caillaud et Pierre Ditlecadet, président et vice-président de l'ACACT, et tous ceux qui leur ont prêté main forte, comme Villognon et sa municipalité, ont du cran et de la ressource. Du gros ouvrage durant six mois, avec à chaque répétition des adhérents qui se déplaçaient d'un peu partout en Charente ou Charente-Maritime, parfois éloignés de 60 km.
«C'était comme ça dans ma jeunesse»
La répétition générale du jeudi soir pouvait encore sembler hésitante, il fallait régler de nombreux détails, comme le réglage des projecteurs, régler l'entrée des comédiens. Et peaufiner les détails comme faire pousser des feuilles sur les sarments de vignes.
Dès vendredi, le public s'est massé dans les gradins confortablement assis sur des bandes de feutres. Samedi ces gradins débordaient, les derniers arrivés ont été assis sur des bottes de paille. 1200 personnes ont assisté au total aux deux soirées. Beaucoup ont confié s'attendre à un petit spectacle, en réalité ils ont été épatés, épris de nostalgie: «C'était comme ça dans ma jeunesse». Après les témoignages de satisfaction et félicitations donnés sur place - «Les gens nous téléphonent pour nous remercier» souffle Pierre Ditlecadet – car ils ont été envoutés par la magie du son de Philippe Goyaud, et des lumières mises en œuvre par la sérieuse maison Astoria de Rouillac.
Du côté des comédiens, des larmes ont été versées. Les anciens ont poussé les jeunes, les jeunes ont tiré les anciens. Les animaux ? Sans souci car ce sont de vrais comédiens. Les écoliers en blouse noire ont fait pleurer les grand-mères ébahies par leurs cris, leurs chants, leurs jeux. Les comédiennes, de la fermière à la lavandière, de noir et blanc vêtues ont dansé avec le curé. Les hommes sont rentrés de la guerre et ont repris jambe en moins les travaux des champs.
Le carrousel a parachevé l'œuvre commune avec son célèbre moulin à vent. Les jeunes hommes et jeunes filles en selle ont offert un ballet resplendissant.
Tous les comédiens et leurs animaux sont venus saluer le public, un même ensemble. Un public applaudissant debout dans les gradins : «Il faut continuer, n'arrêtez-pas, on veut des spectacles comme ça !»
Les Traits Charentais s'illumineront pour fêter 20 bougies à Villognon
L'âne, le mulet et le cheval de trait, savent tout faire. Même du théâtre ! Même sous le faisceau des projecteurs. C'est ce que sont venus expliquer les émissaires de l'association Light & Sound de La Rochefoucauld à une quarantaine d'adhérents des Traits Charentais (1). «Nous avons voulu une manifestation dans la tradition du Festival, expose Pierre Ditlecadet vice-président de l'ACACT, mais pour changer nous avons opté pour un son et lumière.»
Light & Sound (2), présidée par Dany Lachat, a montré un extrait de son spectacle «La Légende de Scurrius» réalisé à Ecuras pour les fêtes du patrimoine afin qu'à Villognon on voit comment métamorphoser un bourg. «Et on n'est pas des professionnels, ce n'est pas notre boulot, mais on est des passionnés» expose Christian Audoin le metteur en scène qui a visité Villognon et le site internet des Traits Charentais (1) mettant en lumière les activités et les Festivals. Et dégagé des idées qui ont séduit car le vote en faveur du projet a été unanime. Non ! Ce n'est pas dans les prés habituels du Festival que se déroulera ce spectacle, mais sur la place de la salle des fêtes et devant l'église. Parce qu'il y a de la pierre, un bel escalier, une maison qui ressemble à un logis noble, l'église, une belle grange et la salle des fêtes en guise de coulisses. Les spectateurs seront rassemblés sur des gradins.
«Le reste de l'histoire on va l'écrire ensemble»
«J'aime partir d'un personnage, un gars d'ici de modeste noblesse, simple écuyer, confie le metteur en scène, il devient écuyer du Roi et revient au milieu de sa seigneurie avec le titre «de Villognon». Cela se passe au XVIIIe siècle. Le reste de l'histoire on va l'écrire ensemble.» Bonne idée : un son et lumière éclairant le siècle des lumières. Christian Audoin veut mettre en valeur non seulement l'âne, le mulet, le cheval, mais aussi le genre humain. Jolaine Fulgence est la plasticienne du groupe (www.lartrecreation.fr). La jeune femme fait du vrai avec du faux et de jolis accessoires.
Claude Guitton, maire de Villognon, est enthousiaste : «Le conseil municipal soutient à fond le projet, les associations et les écoliers devraient participer». Des travaux des champs, le tam-tam du forgeron, la scie du scieur de long, du menuisier, la fête au village (fête balladoire) avec des enfants jongleurs, la danse, la buvette, un mariage à l'église, de belles voitures débarquant de hauts personnages au château, etc. Visiblement Christian Audoin a une imagination débordante.
«On souhaite qu'un maximum de personnes de chez nous participe au spectacle, avec leurs enfants, et les Traits âgés qui sont nos références» scande Pierre Ditlecadet. «En 1995 des équipages avaient du Trait Charentais avaient participé à deux spectacles géants à Royan, rappelle René Thoret qui en était, il y avait 1000 chevaux en scène, mais nous, nous sommes venus en renfort pour ré-étendre le sable entre les spectacles, le public était enchanté.» A Villognon, le son et lumière s'ajoutera à des présentations d'animaux l'après-midi. «Nous pourrions en profiter pour mettre l'accent sur la race poitevine» lance Pierre Ditlecadet. Les ânes, mulets et chevaux seront les vedettes le soir.
(1) Traits Charentais (http://traitcharentais.wifeo.com/) : 1. le syndicat du Trait Charentais, ou syndicat des éleveurs et utilisateurs de chevaux de trait de la Charente né en 1995 ; et 2. l’association charentaise de l’âne et du cheval de trait (ACACT) née en 1999.